vendredi 9 décembre 2011

Je suis allée au défilé Yves Saint Laurent

Parenthèse

Bon, je crois qu'il est temps que j'arrête de stalker les pigeons voyageurs et que je revienne aux choses sérieuses, ce blog donc. Spoiler: il risque d'y avoir de la PFW, vu que la dette grecque est un sujet sensible pour moi, j'ai des photos qui le prouvent : un incident touristique avec la garde du Parlement grec, qui ne recule devant rien pendant la marche quotidienne, et clairement pas devant les touristes qui louchent concentrés sur une photo. Cette place étaient destinée aux accidents, je te le dit.  

Ca date un peu mais il faut que je te raconte...



Je suis allée au défilé Yves Saint Laurent donc

Avant

Le titre était évident lorsque j'observais la foule et les histoires en train de se tramer devant l'hôtel Salomon de Rothschild.

Il y a d'abord l'autre spectacle, celui de l'ambiance derrière les grilles d'un défilé (de) star(s). Curieux, modeux et passionnés, sans invitation, attendent sagement, si ça se trouve sur un malentendu, ça peut marcher. Paparazzis, cris, service de sécurité surexcité (question de vie ou de mort, quoi). Un journaliste non modeux qui explique qu'il se trouve sur la voix publique, un vigile qui le menace, les Sopranos, bonjour! (Dédicace aux geeks de séries qui doivent se marrer un peu de la référence ancestrale tendance mamie)

Le style vestimentaire est nettement plus élégant que celui relationnel. Tout le beau monde a délaissé le cool dress code pour des tenues de soirée. Sauf si on est mythique et qu'on s'appelle Bill Cunningham. Heureusement que j'étais là pour représenter les underdressed anonymes. A un défilé où il faut pas être underdressed anonyme, donc.


En attendant la deuxième présentation, pour le peuple (des happy few), l'ambiance est plus cool.

Anna Wintour marche en toute simplicité parmi le commun des mortels, avec ses bodyguards. Beaucoup préférant quand même que la voiture les attende juste devant la sortie.

Alexa Chung en total look resort, sur des talons de folie (what?). "Vous connaissez Alexa Chung?" m'avait demandé son chauffeur "Elle est venue à pieds". J'aurai pu lui dire "Coucou, c'est moi" vu qu'il s'était pris un rateau à l'aller, mais bon, ça tombait mal, j'allais dans la direction opposée.

A un signe, le "peuple" s'impatiente et bouscule l'entrée, on se serait cru aux portes de Versailles, à la conquête des macarons (Version cinéma. Exit les Sopranos. Ca va les geeks, on est contents?).

Et puis *Aaaaleluia* -non, je ne chante pas faux, t'es gentil(le)- on franchit l'entrée. Magie!


Pendant et après

Plus personne n'est pressé pour traverser la cour, monter l'escalier. On apprécie.
Le flash qu'on voit dans le miroir de l'escalier est en fait l'étincelle que tous ce monde a dans les yeux, ou au moins le reflet d'un grand sourire. (jingle de la dent qui brille).


Deux rangs de chaises de chaque coté d'un long catwalk qui traverse les pièces, le grand luxe ici c'est l'intimité. Les gens parlent doucement (ou sont occupés à chopper élégamment une coupette).  On entend la musique mais on ne voit pas le début du catwalk, instant anticipation x10.


Suit une collection bourgeoise, chic, empreinte des codes historiques de la maison, dans une interprétation fine et affirmée de Stefano Pilati : l'intensité des couleurs qui contraste avec des lignes précises, sobres et un esprit minimaliste, mais aussi, dans un autre registre, la légèreté des lignes d'inspiration marocaine.Tout le monde s'excite sur les chaussures, je ne me rappelle pas d'une saison récente sans chaussures au moins aussi spectaculaires.







 *sélection partiellement représentative et totalement subjective








Applaudissements enthousiastes pour Stefano Pilati,, après le passage d'Abbey Lee,  encore, on ne le voit pas au début, mais on entend le "fangirlisme" (ahh le mot sexiste) et pas uniquement pour la collection.



En sortant, la rue est presque vide, ni grilles, ni hystérie. Sur les interwebs, les images y sont, mais on ne devine ni la folie des couleurs, ni l'anticipation de ce catwalk qui "tease", ni le luxe de la proximité. Le défilé Yves Saint Laurent est une expérience qui se vit, qu'on soit très bourge ou tout le contraire.




samedi 1 octobre 2011

Reality check




  


J'ai pris cette photo après la présentation Cacharel. Une coïncidence de lieu.

Dans deux heures, Comme des Garçons présente -je suppose- une collection très "socially aware" à... l'Armée du Salut ou Palais de la Femme comme s'est écrit sur l'invitation.

Voilà voilà.

EDIT :     

Le ton était beaucoup plus grave chez Comme des Garçons. Les femmes de Rei Kawakubo défilaient pour affronter une vie extrêmement hostile.
                            
En blanc, les mains ligotées par, ironiquement, d'élégants rubans, la vue occultée par un port de tête, elles se dirigeaient vers l’unique choix qui leur était destiné : un mariage non-choisi ? Le défilé avait bien lieu au Palais de la Femme. Peu après, des crinolines qui ressemblaient à des grilles montraient une dentelle transparente, une vision plus optimiste, plus émancipée. Des fleurs sur des amples manches qui pendaient près du sol, comme trop lourdes, comme de plomb. La vie et la mort y cohabitaient. L’esthétique religieuse aussi. 

Il y avait moins d’ambiguïté par contre dans les capes glaçantes, représentation classique de la mort, suivies d’un message industriel agressif, avec pour seul imprimé de la collection, une sorte de fil barbelé. Pour se protéger, des casques de chantier, comme un sombre écho de la catastrophe de Fukushima. Une touche d’ironie encore, un joli nœud pour masquer tout ça. Ou pour sourire.

Il était temps d’être optimiste de nouveau : les textures se sont fait douces, rappelant la nature primaire. Les robes cocon à l’image de la fameuse « poupée russe » d’Yves Saint Laurent suggéraient peut-être une renaissance. 


Le nom de la collection "White Drama"  est aussi polyvalent que chaque pièce qui la compose. C’était bien une représentation éminemment artistique et militante.
 




mercredi 24 août 2011

Melancholia: sublime fin du monde

Mélancolie, humeur provoquée par la bile noire, source de génie et de folie, qui traverse depuis Hippocrate les arts, les sciences, les siècles. Elle a laissé en route ses croyances mais pas son charisme, seul élément plein de vie.

Dans la salle, Kristen Dunst, cadavérique, anéantie, donne le ton d’une élégante élégie, sur une symphonie de Wagner. Des images statiques mais si parlantes, criantes, apocalyptiques mais sacrément belles. Elles se succèdent avec la lenteur et la force de la mort, mais elles débordent de vie. 

Le prologue est un condensé du film, qui est un condensé des différents arts qui ont sublimé la mélancolie à travers le temps. C’est ça l’essence du film et toute sa finesse.

Une esthétique fascinante d’inspiration romantique, pour suggérer les prémonitions de Justine, personnage mélancolique, indifférente aux codes du monde réel et de la société, dans la première partie qui lui est dédiée. De tous les participants, elle est la plus absente spectatrice de son mariage, pendant lequel elle prend un bain ou va pisser sur le terrain de golf de son beau-frère (Kiefer Sutherland), qui au passage organise le mariage et l'emmerde avec ses exigences rationnelles (genre faire semblant d'y participer quoi). (Note to self: trouver l'image sur le golfe en HD, ça fera un excellent poster.) Comme dans le théâtre de l’absurde, les signes prémonitoires ponctuent avec humour le récit. C’est peut-être cette esthétique qui expliquerait –si on veut- la déroutante différence d’accents au sein d’une même famille : british pour la mère et une des filles (Charlotte Rampling et Charlote Gainsbourg) américain pour sa sœur (Kirsten Dunst), détail sciemment négligé mais qui contraste tout de même avec la grande subtilité de la réalisation.

Il y a des aspects qu'on va oublier après l’impactant générique de fin en faveur d'une vision d'ensemble saisissante : la perspective catastrophique met du temps à s'installer de manière convaincante. Malgré le zoom sur une famille en huis clos, il y a quelque chose de moins personnel, de trop collectif dans l'idée de fin du monde. Ca, plus une certaine lenteur lorsqu'on commence à parler de la catastrophe, et on a parfois envie de dire à Claire "Non, mais c'est bon, arrête de psychoter". Et puis on se surprend tellement embarqué par Charlotte Gainsbourg dans son délire. Elle n'a pas eu le prix d'interprétation à Cannes, probablement parce qu'elle a eu le prix d'interprétation à Cannes. Mais le rythme qu'elle réussit à créer est encore plus bouleversant que l'apathie très juste et charismatique de Kristen Dunst.

Son personnage, la soeur organisée et bien sous tous rapports, se décompose devant la menace de la mort. Justine fait le parcours inverse, elle est de plus en plus apaisée de se débarrasser d'une vie dont elle n'a pas suivi les codes. La mélancolie aime la mort ou du moins ne la fuit pas. 

Impossible de ne pas se demander si Justine n'est pas un alter ego du réalisateur, et si Claire, avec sa peur exagérée, énervante, n’est pas la société vue par Lars Von Trier. Et surtout si cette sublime dépression qu’il présente n’est pas la sienne, violente aux yeux des autres, romantique, gracieuse et fascinante pour lui. Et pour beaucoup qui ont vu le film, désormais.











 



mercredi 20 juillet 2011

Colour BLOCK : homonymie

Homonymie : relation entre deux formes linguistiques ayant le même signifiant, graphique ou phonique, et des signifiés entièrement différents.


























Photos by yours truly.

vendredi 1 avril 2011

L’insoutenable légèreté des it shoes

Bon, sans s’attarder sur l'évidente (ou pas) démarche artistique des photos qui suivent, voici donc le sujet existentiel du jour : l’officialisation des shitty sneakers "contrast shoes".

Prenons une fashion editor, du Vogue Turquie par exemple, look classique, nuances sobres, quand soudain, les shitty sneakers. En blanc, en sale et en contraste total.  




Changement de décor, autour du défilé Valentino. Au milieu de la foule d’une élégance ostentatoire (où comment rendre pas cool une robe cool à la base) un look minimaliste...et coucou les sneakers !  Rien de fou -tu me diras - sauf dans ce contexte spectaculaire.



Coup de coeur instantané pour cette rédactrice de chais plus quel journal italien en chaussures de montagne chez Valentino ! Coup de fil instantané aussi (et palpitations) pour m'assurer que ma mère n'a pas jeté les presque mêmes que j'avais au lycée.



Un peu le même délire que les Converse - robes à la française de Marie Antoinette par Sofia Coppola.

Fast forward, ces derniers temps, tous les londoniens dignes de ce nom portent des baskets qui n'ont rien à voir avec le reste, de préférence blanches dans la boue.

The shitty sneakers are the shit, je te le dis. Sorte de it shoes des anti it shoes.


P.S. visuel si je puis dire, qui n'a pas grande chose à voir avec les shitty sneakers, puisque ceux-là n'ont rien de destroy, mais j'ai aimé le look de cette étudiante en mode, alors voilà, c'est cadeau. Bisous!


Quels rapports avec l’information, en France et ailleurs?

L’évolution de l’information dans un contexte média protéiforme et accessible, le positionnement des marques média et leur relation avec un public réceptif, récepteur et producteur de contenu, vaste sujet de réflexion ces dernières années.

Une étude sur la consommation de l’information des Français, réalisée par Iligo à l’initiative de L’Express, confirme les tendances évidentes. Si les détails notamment quantitatifs sont révélateurs des habitudes des Français, les grands enseignements s’appliquent tout autant au contexte international, uniformisé par le web et les média sociaux.

Multi connecté, mobile et adepte du multi-tasking (donc dans une logique quantitative et de rapidité) le consommateur  recherche des « fast-infos », ce qui est cohérent avec son rythme de vie.

Face à cette boulimie, un besoin complémentaire, faussement contradictoire : celui d’une vraie analyse de l’information, ce qui permet de mettre en relief les sujets importants, dans l’abondance des « fast-infos », et de donner les clés de la construction d’une opinion personnelle.

L’étude officialise trois idées qui me paraissent intéressantes.

D’abord le besoin d’altérité, concept d’ailleurs contenu, lorsqu’on y pense, dans la notion de communauté. Commentateur et producteur d’information à son tour, le consommateur  a besoin de points de vue différents, d’une altérité multiple, source d’opinion et donc -point important pour les médias- levier d’influence.
Sans oublier la fonction de divertissement de l’altérité.

Plus évident encore, et dans un registre totalement affinitaire : l’information est au cœur du lien social.
Transmise, réécrite, elle interpelle des communautés sur Twitter et ailleurs. Elle traverse les canaux, elle change de codes : l’annonce d’une catastrophe suscite l’émotion, une mobilisation, mais aussi l’humour. Comme le suggère leur nom, les réseaux sociaux sont une société faite d’interactions, au cœur de laquelle se trouve bien l’humain.

Un exemple plus simple, qui n’est pas cette fois révélateur d’une réalité française et qui est moins en lien avec des médias comme L’Express, mais qui mérite d’être mentionné de par son ampleur : les communautés internationales qui se forment autour d’un blog de fans très consommateurs de culture mainstream.

Enfin la dépendance, une expérience commune mais solitaire. Tout consommateur de media respectable multi-connecté  l’a probablement expérimenté dans une certaine mesure.

Certes, on a du mal à s’imaginer un addict au fil info de l’AFP exclusivement, en train d’actualiser impatiemment son feed toute la journée. Là encore le facteur affinitaire, passionnel même, est primordial ; les émetteurs (au pluriel) étant des médias, des amis, des followers… Le temps passé chaque jour à lire son flux RSS, sa timeline, à réagir et interagir, à communiquer avec les autres, j’en sais quelque chose.  

Oui, c’est du temps, mais ce n’est pas du temps complètement perdu. C’est aussi un temps de découverte, d’information, d’échange et d’affirmation. Si le traitement de la majorité des addictions suppose une abstinence totale, la gestion de l’information, tout comme la gestion de la nourriture -pour revenir à la boulimie des « fast-infos » - est une question d’équilibre.

La différence étant, je pense, que cette « infoddiction » s’auto-équilibre. A la curiosité de départ qui a engendré l’addiction, se substitue une overdose, un besoin d’air et de recul. C’est l’état du consommateur avisé, informé mais aussi efficace (dans ces recherches et dans sa vie par ailleurs). Du moins, c’est ce que je pense.

L’étude, dont la synthèse suit, est le point de départ d’une réflexion commune sur une plateforme dédiée.

Les lois de l'attraction (ou presque...)

Polar. Opposites attract




Twin-like. Similarities attract too...(shocker)
















...en mode pas modeux cool kids.

#PFW