vendredi 1 avril 2011

Quels rapports avec l’information, en France et ailleurs?

L’évolution de l’information dans un contexte média protéiforme et accessible, le positionnement des marques média et leur relation avec un public réceptif, récepteur et producteur de contenu, vaste sujet de réflexion ces dernières années.

Une étude sur la consommation de l’information des Français, réalisée par Iligo à l’initiative de L’Express, confirme les tendances évidentes. Si les détails notamment quantitatifs sont révélateurs des habitudes des Français, les grands enseignements s’appliquent tout autant au contexte international, uniformisé par le web et les média sociaux.

Multi connecté, mobile et adepte du multi-tasking (donc dans une logique quantitative et de rapidité) le consommateur  recherche des « fast-infos », ce qui est cohérent avec son rythme de vie.

Face à cette boulimie, un besoin complémentaire, faussement contradictoire : celui d’une vraie analyse de l’information, ce qui permet de mettre en relief les sujets importants, dans l’abondance des « fast-infos », et de donner les clés de la construction d’une opinion personnelle.

L’étude officialise trois idées qui me paraissent intéressantes.

D’abord le besoin d’altérité, concept d’ailleurs contenu, lorsqu’on y pense, dans la notion de communauté. Commentateur et producteur d’information à son tour, le consommateur  a besoin de points de vue différents, d’une altérité multiple, source d’opinion et donc -point important pour les médias- levier d’influence.
Sans oublier la fonction de divertissement de l’altérité.

Plus évident encore, et dans un registre totalement affinitaire : l’information est au cœur du lien social.
Transmise, réécrite, elle interpelle des communautés sur Twitter et ailleurs. Elle traverse les canaux, elle change de codes : l’annonce d’une catastrophe suscite l’émotion, une mobilisation, mais aussi l’humour. Comme le suggère leur nom, les réseaux sociaux sont une société faite d’interactions, au cœur de laquelle se trouve bien l’humain.

Un exemple plus simple, qui n’est pas cette fois révélateur d’une réalité française et qui est moins en lien avec des médias comme L’Express, mais qui mérite d’être mentionné de par son ampleur : les communautés internationales qui se forment autour d’un blog de fans très consommateurs de culture mainstream.

Enfin la dépendance, une expérience commune mais solitaire. Tout consommateur de media respectable multi-connecté  l’a probablement expérimenté dans une certaine mesure.

Certes, on a du mal à s’imaginer un addict au fil info de l’AFP exclusivement, en train d’actualiser impatiemment son feed toute la journée. Là encore le facteur affinitaire, passionnel même, est primordial ; les émetteurs (au pluriel) étant des médias, des amis, des followers… Le temps passé chaque jour à lire son flux RSS, sa timeline, à réagir et interagir, à communiquer avec les autres, j’en sais quelque chose.  

Oui, c’est du temps, mais ce n’est pas du temps complètement perdu. C’est aussi un temps de découverte, d’information, d’échange et d’affirmation. Si le traitement de la majorité des addictions suppose une abstinence totale, la gestion de l’information, tout comme la gestion de la nourriture -pour revenir à la boulimie des « fast-infos » - est une question d’équilibre.

La différence étant, je pense, que cette « infoddiction » s’auto-équilibre. A la curiosité de départ qui a engendré l’addiction, se substitue une overdose, un besoin d’air et de recul. C’est l’état du consommateur avisé, informé mais aussi efficace (dans ces recherches et dans sa vie par ailleurs). Du moins, c’est ce que je pense.

L’étude, dont la synthèse suit, est le point de départ d’une réflexion commune sur une plateforme dédiée.

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